• La tragédie des jeunes femmes tatouées

    Comme souvent dans ce qui a trait aux phénomènes sociétaux, il existe presque une barrière langagière entre ceux qui les vivent avec avidité, et ceux qui les pensent sous le mode du simple corps étranger. Le tatouage fait ainsi parti de ces nouvelles modes, sortant jadis d'un marché de niche et de marginalité, pour investir avec une fulgurance désarmante le monde du grand public. Et j'irai même jusqu'à dire aujourd'hui, la sphère familiale française de la majorité des hommes et femmes ordinaires.

    Le tatouage s'est positionné dans notre société comme un fait accompli, une conquête rapide qui a séduit les cœurs, sans s'accompagner de commentaires ou de réflexions. Toutefois quand en l'espace de quelques années, on entend maintenant des hommes se stupéfier d'avoir de la peine à simplement voir une jeune fille non-tatouée, il appartient désormais à l'observateur et à l'intellect de se faire commentateur. Le phénomène a vécu, mais il n'est plus marginal, il est sociétal et cristallise un peu par accident, l'identité de tout un peuple et d'une génération.

    Toutefois rien n'est jamais aussi bon et compris, que lorsqu'il est ardemment critiqué. Ainsi je ne crois pas que cette caractérisation de l'identité de notre jeunesse, révèle d'elle de grandes vertus, ni particulièrement qu'elle témoigne d'une remarquable hauteur de vue. Tout au contraire, nous avons là à faire à une mode comme il en existe tant d'autres d'anodines, de superficielles ou d'existentielles.

    Mais si l'essence de la mode réside dans sa dimension éphémère et sa rapide obsolescence, il est remarquable que le tatouage se caractérise tout au contraire par sa permanence et son indélébilité. Il n'y a là qu'un pas à faire, pour réaliser que cette résurgence massive de tatouages et le développement extrême de ce marché, n'est qu'une bombe à retardement de déceptions aigues. Une véritable épidémie de remords siège au tournant de cette pratique. Comme toutes les modes, son sens finira avalé par le temps, mais celle-ci laissera des marques littéralement incrustées dans la peau, parfois impossible à cacher aux yeux. Les tatouages les plus arbitraires qu'une jeune fille tressaillait d'impatience et d'excitation à l'idée de réaliser, deviendront rapidement son fardeau psychologique, dès lors qu'elle réalisera que l'influenceuse qu'elle imitait, que la chanteuse qu'elle avait vu faire à l'instar, continueront à mener des vies de luxure et à jouir de notoriété, quelle que soit la quantité de sévices qu'elles s'infligeront à elles-mêmes. Tandis qu'elle, petite prolétaire, fille de personne, de son corps ressemblant à un cahier de brouillon, sera bientôt prise de haut par les hommes, rejetée par les sphères les plus sérieuses du monde professionnel, dénoncée par le monde traditionnel. Quand la vague impétueuse de la mode cessera de porter son sentiment, elle se trouvera subitement bien en peine de devoir porter toute une vie durant, cette lubie de jeunesse dans les pores de sa peau. Des tatouages qui avec le temps seront privés de leur sens social, privés de l'enthousiasme des années 2020. Obligé de déambuler ce corps qui ressemble à une collection de dessins sots ou insignifiants, attirant le regard de pitié et de dédain des hommes, attirant le courroux ou le dégoût d'une bonne partie du monde outre-occident. Que tant et tant de jeunes filles le fassent, ne signifie aucunement qu'elle ne puisse pas collectivement faire fausse route.

    Il est des modes qu'il vaille mieux ne jamais suivre, et il faut choisir judicieusement les sentiments auxquels on s'adonne. Car si en suivant le troupeau on est au moins sûr de ne pas le perdre, le troupeau erre mais ne se dirige pas. Voilà une leçon qu'aucun individu ne doit oublier. Le conformisme est arbitraire, car le monde grand public est un monde d'ordre chaotique. La foule n'a pas de pensée rationnelle, mais le sentiment des grands nombres, l'adaptation de l'offre, le développement de plus en plus sophistiqué de la pratique, la promotion publique d'une activité, semblent donner tous les apparats du sens à un phénomène qui n'a pourtant aucune rationalité fondamentale. Et quand le mouvement s'essouffle, les individus se retrouveront dans leur solitude essentielle, avec des dessins vides de sens marqués sur leur peau. Or voici sans doute les germes d'un grand regret de dimension nationale, et un âge d'or à venir pour les dispensaires des opérations au laser.

     

    Et si j'ai placé au cours de ce texte, une emphase particulière sur les jeunes filles plutôt que sur les jeunes hommes, ceci suit en vérité une considération d'ordre biologique et symbolique dans la différence des deux sexes. Il n'est aucun homme assez sot, et aucune femme assez aveugle, pour oublier entièrement que la pureté, ou le cas échéant son apparence, est la vertu féminine par excellence. La pureté du cœur, comme celle du corps, l'une allant souvent avec l'autre. Je conclurai peut-être sèchement, mais une jeune fille marquée de tant et tant de dessins anodins, signifiants, discrets ou invasifs, en est simplement rendue laide.

    Que cela ne vienne pas au lecteur comme un jugement sur la qualité profonde de ces femmes. Je songe uniquement à une laideur d'ordre esthétique, et cela qu'importe la qualité propre du tatouage. Quand l'euphorie de l'effet de masse se sera essoufflée, plus d'une jeune femme finira aussi par le voir et se sentir encombrée de ces dessins. Elle aurait peut-être alors souhaité avoir eu des parents moins laxistes et davantage concernés, des amies plus ordonnées, des modèles plus sages. Car on ne peut pas s'adonner à n'importe quel sentiment et n'importe quelle idéologie inconséquemment. Et à de nombreux hommes français, l'ampleur de ce phénomène au sein des femmes de notre pays, est un spectacle accablant.


    Une jeune femme tatouée, bien souvent, ne fait que s'enlaidir. Certes il y a là pour les hommes un moyen royal de faire un tri rapide, mais tout de même, quelle tragédie pour nombre de jeunes filles, simplement piégée dans cette mode.

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